L’Union Européenne (UE) et l’Asie sont les deux parties du monde les plus productrices de lait. Elles cumulent à elles deux près de 61% de la production mondiale. Par ailleurs, les consommateurs en demandent toujours plus.
En effet, entre 2001 et 2013, la consommation mondiale de produits laitiers a progressé de près d’un tiers en volume. Et cette demande ne semble pas vouloir se tasser, à en croire les courbes de tendances sur l’évolution de la demande mondiale. Cette dernière est d’ailleurs portée par les pays émergents : d’Asie et d’Afrique, principalement. Les estimations concernant l’évolution de la consommation entre 2011 et 2021 tablent sur une croissance de 34% pour les fromages ou encore de 48% pour la poudre de lait écrémé, dans ces pays.
L’export : une opportunité pour la France
La France est le deuxième principal producteur de lait de l’UE et son solde commercial est largement bénéficiaire : nous exportons de plus en plus de lait.
A contrario, le marché national est globalement stable.
La fin des quotas laitiers et l’absence de régulation des prix par la PAC engendrent une forte volatilité des prix et des prix payés aux producteurs très variables selon les entreprises. En effet, depuis la fin des quotas c’est le mix produit de l’entreprise qui transforme le lait qui détermine le niveau de rémunération du producteur. Chaque entreprise est responsable de la valorisation de ses volumes de lait transformé et par conséquent du niveau du rémunération du lait qu’elle peut assurer aux producteurs.
En AURA, plus de 90% du lait de consommation conditionné est collecté par les coopératives, représentant ainsi un acteur majeur sur le territoire.
Notre région est connue pour être montagnarde. D’ailleurs, près de 70% de la production laitière régionale se situe en zone montagne. Le problème de la valorisation du lait est donc primordial, surtout lorsque l’on compare les différences en terme de coût de collecte (coût moyen France : 13€/1000L ; coût moyen en zone de montagne de l’ordre de 27€/1000L). Ce n’est donc pas un hasard si l’on retrouve dans les massifs régionaux, la très grande majorité de nos SIQO (signes officiels de la qualité et de l’origine) afin de capter davantage de valeur ajoutée.
Dans ce contexte, quelle carte peut jouer le lait biologique ?
En 2018, les coopératives régionales et leurs filiales collectaient 90% du lait bio produit en AURA, soit un volume de 67 700 000 L. Ce volume représente à peine 4% du lait (bio et conventionnel) produit en AURA.
Bien que la production soit globalement stable en conventionnel, le plan de filière lait de vache biologique prévoit le doublement de la production en 5 ans.
Selon la note de conjoncture et d’actualités sur les produits biologiques de l’Agence Bio, publiée en mai 2019, la collecte de lait de vache biologique s’est élevée à plus de 229 millions de litres au cours du premier trimestre 2019 (+15.9% d’augmentation sur un an).
Toutes les fabrications à base de lait de vache biologique ont augmenté sur la même période (sur un an). La plus importante touche, en tonne, la crème conditionnée (+25%).
Alors qu’en conventionnel, elles ont toutes reculé, en tonnes, sur le premier trimestre 2019 (comparativement au premier trimestre 2018). Le plus important écart concerne les desserts lactés avec -12.1 %.
Enfin, sur le plan de la consommation, d’après Kantar Worldpanel, les volumes des produits laitiers bio achetés par les ménages ont augmenté pour toutes les catégories suivies.
Jouer la carte du lait bio semble être une option intéressante pour la structuration régionale de cette filière. Le bio reste plus compétitif sur les marchés, rémunère mieux le producteur et répond aux attentes des consommateurs. Par ailleurs, cela permet de mieux valoriser notre principale ressource naturelle : l’herbe. Le lait bio n’est toutefois pas la seule carte à jouer sur le plan stratégique…
Sources : Agence Bio, 2018 ; CNIEL, service Economie, 2012 ; Coop de France ARA, 2019 ;
Enquête mensuelle SSP, FranceAgriMer ; Agreste, 2018.