Avec plus de 120 brasseries biologiques, la région Auvergne-Rhône-Alpes est en tête du classement. Avec désormais 4 malteries, la région est outillée pour développer une filière bio régionale.
Avec 4 malteries, la région Auvergne-Rhône-Alpes est bien outillée
On dénombre aujourd’hui 4 malteries dans la région Auvergne-Rhône-Alpes : Malt’in Pott, la Malterie Ardéchoise, A Vos malts et la Malterie des Volcans, ce qui représente une capacité de production de 5000 T de malt par an. En 2022, 60 à 70% de l'orge brassicole utilisée par les malteries provient des champs de la région, le reste des régions alentour. 42% des matières premières utilisées par les malteries est de l’orge d’hiver, car le plus adapté au contexte pédo-climatique d’Auvergne-Rhône-Alpes, et 46% en orge de printemps. Les malteries s’approvisionnent avec des coopératives, ou directement auprès des producteurs.La production en malt est principalement de typePilsen (71%), suivi par le malt de type pâle (21%), à destination pour 65% à des brasseries régionales.
Orge de printemps vs orge d’hiver
L’orge “2 rangs” de printemps est en général préféré par les malteries par rapport à l’orge “6 rangs” semé en hiver qui présente souvent une légère irrégularité des grains, contient moins d’extrait, plus de bétaglucanes (impact la viscosité) et moins de fan (teneur en protéines). Néanmoins, les malteries réussissent à s’adapter et proposer du malt “6 rangs” d’hiver de qualité. Des essais sont en cours région pour cultiver de l’orge “2 rangs de printemps” en hiver, avec un risque potentiellement plus élevé de maladies.
De plus en plus de brasseries s’approvisionnent localement
92% des brasseries bio de la région Auvergne-Rhône-Alpes enquêtées déclarent s’approvisionner au moins partiellement auprès des malteries régionales. (+57% vs 2021), ce qui représente au total 41% des approvisionnements en volume. Le malt en provenance de Belgique reste encore prépondérant.
Si le prix est perçu comme plus élevé (47% des sondés) et comme une contrainte pour s’approvisionner en malt régional (par 75% des brasseries) , la majorité des brasseries estiment néanmoins une augmentation du coût de production allant de 5% à 10%. Avec la prise en compte des coûts de transports économisés par l’approvisionnement local, cette augmentation peut néanmoins être atténuée.
67% des brasseurs bio qui utilisent du malt régional sont satisfaits des malteries auprès desquelles ils s’approvisionnent et ils ne pensent pas changer de fournisseurs, et 23% souhaitent tester les autres malteries régionales. Ainsi, selon l’enquête du Cluster Bio Auvergne-Rhône-Alpes, 47 % des brasseurs bio prévoient de maintenir leur part d’achat en malt régional en 2023 et 37 % souhaitent l’augmenter, ce qui permet d’assurer des débouchés pour les malteries régionales.
De plus en plus de houblon bio français dans les bières régionales
Malgré sa faible quantité dans la composition d’une bière, le houblon est un ingrédient essentiel ! On peut estimer à environ 60 tonnes de houblons en pellets utilisés par les brasseries bio régionales.
Si l’offre en houblon bio français était jusqu’à aujourd’hui très limitée, la production française a nettement augmenté ces dernières années et représente 275 ha bio et conversion (x2 en 5 ans), avec la région Grand Est en tête. 75% des brasseries bio s’approvisionnent au moins partiellement en houblon d’origine française, et 56 % se fournissent en Amérique du Nord. Quant à la filière de houblon régionale, elle se structure, et on compte aujourd’hui 23 hectares de houblon bio en Auvergne-Rhône-Alpes (x2 en 5 ans), qui permettent à 31% des brasseries bio régionales de s’approvisionner au moins partiellement en houblon régional (+21% vs 2021).
Le houblon régional est plus cher mais impact peu le coût de production de la bière.
Malgré la hausse des surfaces en houblons bio, 75 % des brasseries bio pointent du doigt l'indisponibilité de la matière première comme principal obstacle à l'approvisionnement en houblon régional. De plus, 67 % des brasseries évoquent le manque de variétés adaptées à leurs besoins spécifiques. En ce qui concerne les coûts, le prix du houblon bio produit en région est en moyenne 21% plus cher que celui produit dans les autres régions, mais est assez proche du prix des houblons importés. Cette différence de prix s’explique notamment par la taille des exploitations. Néanmoins, l’impact sur le coût de production est assez faible puisque 44% des brasseries bio estiment que cela l’augmente de moins de 5%, en lien avec la faible proportion incorporée dans les brassins. Ces producteurs de houblon en Auvergne-Rhône-Alpes sont regroupés dans l’APHARA (Association des Producteurs de Houblon en Auvergne-Rhône-Alpes).
Une commercialisation des bières diversifiée, qui s’adapte au contexte
En 2022, on peut estimer à 200 000 hectolitres de bières bio produites en région Auvergne-Rhône-Alpes. Parmi ces bières, 46% sont de type blondes, 20% sont ambrées ou rousses, et 17% sont des bières blanches.
Les brasseurs ont des canaux de distribution très diversifiés. 86% des brasseries bio vendent leurs produits dans les restaurants et 69% les proposent dans les bars. Néanmoins ces deux circuits génèrent des chiffres d’affaires assez faibles (en général chacun moins de 25% du chiffre d'affaires pour la majorité des brasseries) mais qui sont en augmentation. Les magasins bio sont un canal de vente important et cela peut représenter 25% à 75% du chiffre d'affaires pour quasiment un quart des brasseries bio. Néanmoins, la conjoncture du secteur bio a un impact puisqu'on dénombre une baisse du nombre de brasseries présentes en magasin bio (72% vs 86 % en 2021) et une baisse du chiffre d'affaires. En revanche, on observe un nombre croissant de brasseries bio qui commercialisent en Grandes et Moyennes Surfaces (GMS) puis 56% des brasseries ont réussi à pénétrer le marché (vs 37% en 2021). La GMS reste une part faible du chiffre d'affaires des brasseries qui font ce choix, mais néanmoins en croissance. La vente directe reste une option de choix pour 89% des brasseries, renforçant ainsi la relation directe avec les consommateurs, et qui représente une part de chiffre d’affaire importante et en croissance pour la plupart des brasseries bio (25% à 75% du chiffre d’affaire pour quasiment un quart des brasseries bio). Enfin, si quasiment ⅓ font de la vente en ligne, cela représente aujourd’hui encore une très faible part du chiffre d’affaire (<10%). Les ventes dans les caves et magasins spécialisés, et en festivals sont également en hausse.
En ce qui concerne les performances économiques, 20% des brasseries ont connu une baisse de leur chiffre d'affaires entre 2021 et 2022. Cependant, la grande majorité, soit 63%, a enregistré une augmentation de plus de 10% du chiffre d'affaires sur la même période. Néanmoins, les brasseurs ont également estimé une augmentation des coûts de production d’environ 15%.
Les restaurants, les bars et la vente directe : des circuits à développer
Face aux turbulences du marché, 64 % des brasseries bio de la région ont l'intention de développer la "Vente direct" au cours des deux prochaines années, et 58% la commercialisation dans les restaurants et les bars. Les magasins biologiques restent un canal stratégique puisque 47% des brasseries bio interrogées souhaitent y développer les ventes, et la GMS une nouvelle opportunité pour un peu moins un quart d’entre eux.
Au-delà de l’approvisionnement en matières premières locales, l’enquête du Cluster Bio Auvergne-Rhône-Alpes montre aussi que les brasseurs sont sensibles aux enjeux environnementaux. 78% des brasseurs pensent qu’il faut explorer le sujet de la consigne des bouteilles en région, et 50% la question de la gestion de l’eau et de l’impact carbone.
Pour découvrir les résultats de l’enquête du Cluster Bio :
Sources : Étude du Cluster Bio Auvergne-Rhône-Alpes menée au 1er semestre 2023 auprès de 36 brasseries bio en Auvergne-Rhône-Alpes
Achraf Chadghan
Assistant Chargé de projet filière en stage
Cluster Bio Auvergne-Rhône-Alpes