MARLÈNE DUBUC
Responsable de l’Agence Nationale Certification
chez Alpes Contrôles
Comment avez-vous adapté vos activités à la suite de l’annonce du confinement ?
L’activité de certification bio dans l’entreprise est dépendante de l’autorité compétente, à savoir l’INAO, l’Institut National de l’Origine et de la Qualité. Cet institut s’est organisé rapidement à la suite de l’annonce du confinement, afin d’harmoniser les messages pour l’ensemble des Organismes Certificateurs (OC).
Les activités économiques des opérateurs certifiés bio ont ainsi pu se poursuivre malgré le confinement. En harmonisant ses messages auprès de l’ensemble des OC, l’INAO a garanti le maintien d’une concurrence loyale entre les opérateurs. Aucun OC ne pouvait être privilégié par rapport à un autre. Cette démarche a également permis d’entretenir l’image de l’AB auprès du consommateur.
Néanmoins, nous avons dû mettre en chômage partiel notre équipe d’auditeurs terrains. Les personnels administratifs ont quant à eux eu l’opportunité de télétravailler. Notre objectif était ainsi de pouvoir gérer la demande commerciale entrante. La période du confinement a eu lieu peu de temps avant l’ouverture des déclarations PAC. A cette période, beaucoup de producteurs ont besoin de justificatifs pour pouvoir bénéficier des aides liées à l’AB.
Ce télétravail a également permis de répondre aux opérateurs économiques, inquiets vis-à-vis de la situation.
Bien que ces activités administratives ne soient pas facturables, elles nous ont permis de préparer nos activités après le déconfinement.
Alpes Contrôles a été créée il y a 30 ans et compte aujourd'hui plus de 500 salariés. Si son activité principale est liée aux métiers du contrôle de construction, l’entreprise a décidé en 2012 d’investir le domaine de la certification AB sous l’impulsion de son président Michel Vignoud. Ce dernier, convaincu de l’essor du bio, a également créé une Fondation d’entreprise vers laquelle est fléché un pourcentage du résultat de l’entreprise. Cette fondation permet de financer des projets en lien avec l’environnement et l’AB.
L’activité de certification bio est en plein développement au sein d’Alpes Contrôles. L’entreprise opère sur 3 régions : AURA, PACA et BFC, grâce à une équipe de 15 personnes.
Pouvez-vous nous parler un peu plus des informations diffusées par l’INAO ?
Plusieurs mesures ont été prises et sont toutes disponibles dans la FAQ de l’Agence Bio.
Pour en citer quelques-unes, l’INAO a rendu possible la reconnaissance rétroactive d’une période de conversion. Initialement, la reconnaissance est obtenue après une visite terrain. Or, les producteurs ont besoin de cette visite avant de travailler le sol et de mettre en culture. L’arrêt de nos activités d’audit risquait de complexifier grandement ce processus, qui n’a finalement pas subit les conséquences du confinement.
Sur un autre sujet, certains opérateurs économiques ont besoin de renouveler leurs certificats pour continuer à pouvoir commercialiser leurs produits certifiés bio.
La période du confinement et la suspension des contrôles ont amené l’INAO à autoriser le prolongement de ce type de certificat, sous réserve d’effectuer un contrôle dès le déconfinement (entre autres).
Enfin, l’agroalimentaire ne s’est pas arrêté pendant le confinement. Les entreprises de ce secteur d’activité ont également eu besoin de l’INAO qui a autorisé l’extension de certification. Par exemple, un boulanger pouvait étendre son certificat bio à une nouvelle recette de pain pendant le confinement et sans audit terrain, sous réserve de respecter un certain nombre d’obligations.
Comment voyez-vous la reprise de vos activités après le déconfinement ?
Le confinement et la réorientation de nos activités nous ont empêché de réaliser nos audits sur le terrain. Nos agendas seront donc bien remplis pour les mois à venir. Nous cherchons à optimiser les visites pour gagner en efficacité. A l’heure où ces lignes sont écrites, nous sommes dans l’attente d’éléments de la Commission Européenne sur l’organisation des contrôles mais aussi de l’INAO quant à leur priorisation. La situation n’est pas encore figée mais l’intérêt de tous n’est pas de pénaliser les opérateurs économiques.
Alpes Contrôles a la chance de savoir anticiper ses besoins. Nous avons l’habitude d’embaucher tous les ans 2 à 3 personnes pour absorber la croissance des demandes de certification bio. Cette situation nous permet d’éviter les urgences.
Début 2020, nous avions fait 2 embauches, pour anticiper la progression que nous envisagions sur l’AB. Nous n’étions pas en situation d’urgence et à l’époque, ces nouvelles recrues ne disposaient pas d’un taux d’occupation à 100%.
Nous sommes donc confiants dans notre faculté à rattraper le retard accumulé sur nos audits terrain du fait du confinement. Ces deux nouvelles recrues vont pouvoir absorber cette surcharge. Nous restons néanmoins attentifs à l’évolution de la situation.
Comment garantissez-vous la protection de vos salariés sur le terrain ?
Il pourrait y avoir effectivement de l’appréhension quant à la mise en oeuvre des gestes barrières. Ils peuvent ne pas toujours être systématiques ou suffisants.
Alpes Contrôles a la chance d’avoir d’autres activités que la certification bio qui ont continuées à fonctionner sur le terrain pendant le confinement. À cette occasion, des gestes ont été testés ainsi que du matériel et des protocoles. Riches de ce retour d’expériences, nous sommes plutôt sereins par rapport à la protection de nos salariés. Nous pensons être bien préparés et nos salariés disposent d’un kit de sécurité complet. La communication en interne est néanmoins indispensable pour réagir aux moindres problématiques.
Auteur : Thibault Peclet de La Coopération Agricole Auvergne-Rhône-Alpes.