POURQUOI SE SAISIR DE L’AUTONOMIE ALIMENTAIRE DES ÉLEVAGES LORSQUE L’ON COLLECTE DES CÉRÉALES ET DES OLÉO- PROTÉAGINEUX ?
Sur la région Auvergne, le système polyculture-élevage est dominant, y compris en bio. Comme ailleurs, les céréales bio produites ici sont fortement impactées par la diversité des terroirs et par les aléas climatiques. L’autonomie alimentaire est donc soumise à de grandes variabilités, d’autant plus importantes que les marchés sont volatiles. Quand le marché est à la baisse, les excédents des céréaliers sont difficiles à valoriser.
A l’inverse, quand le marché est tendu, les éleveurs ont à la fois du mal à se fournir pour l’alimentation animale à des prix raisonnables, tout en n’ayant pas la garantie d’accéder aux volumes souhaités.
QUELLES ACTIONS CONCRÈTES PORTE BIOAGRI ?
Plusieurs actions sont conduites par Bioagri.
Par exemple, la coopérative travaille depuis 3 ans avec des fermes pilotes pour développer la culture du sorgho bio fourrager dans les exploitations, en complément du maïs bio fourrager. Les références acquises permettent de mettre en avant l’itinéraire de la culture.
D’une autre manière, Bioagri référence des variétés de protéagineux bio moins riches en tanins, pour une meilleure valorisation. On y retrouve par exemple le pois fourrager bio à fleur blanche ou la féverole bio à fleur blanche. La protéine de la graine est ainsi mieux valorisée sur l’exploitation.
Autre disposition proposée par Bioagri aux éleveurs : la contractualisation annuelle de céréales fourragères spécifiques (comme l’orge C2 ou le mais épis bio) au prix du marché indépendamment du volume, avec des facilités logistiques et le tout sans pénalisation par rapport à un client industriel.
ET QUELS SONT LES INTÉRÊTS POUR LES PRODUCTEURS DE FAIRE APPEL À BIOAGRI ?
Dans le cas de l’achat de céréales, l’orge C2 est la première céréale récoltée. Il y a donc un intérêt logistique à amener les éleveurs à la privilégier car elle peut être rapidement livrée chez eux. Le roulement du silo est plus rapide et reste plus intéressant, comparé au stockage durant des mois avant d’envoyer le grain en usine.
Sur le plan économique, l’orge C2 est plus abordable pour les éleveurs, tout en restant intéressante pour les rations.
Autre intérêt : tous les grains passent par les silos de Bioagri. Ainsi, la coopérative garantie leur nettoyage et leur qualité. Le producteur est assuré de ne pas avoir de problème d’insectes, d’impuretés ou d’humidité.
Enfin, l’accompagnement des éleveurs vis-à-vis des espèces les plus adaptées pour l’élevage (en pure ou en méteils multi espèces) et vis-à-vis des itinéraires techniques, permet de profiter des compétences spécifiques à la production céréalière.
La production d’un méteil sur quelques hectares chez un éleveur mérite toute l’attention pour garantir un rendement et une qualité optimum.
POURQUOI BIOAGRI S’EST-ELLE LANCÉE DANS CETTE DÉMARCHE ?
En agissant ainsi, Bioagri s’attache à réfléchir les échanges de céréales bio pour rationaliser les usages. Ainsi, la coopérative s’assure que les espèces les plus intéressantes pour l’alimentation humaine qui sont aussi parfois les plus chères, soient bien destinées à cet usage.
Ce travail ne pourrait pas avoir lieu si les céréaliers échangeaient en direct avec les éleveurs, sans visibilité sur le marché et les besoins.
C’est le cas actuellement avec le blé bio meunier français dont la production est loin de couvrir la demande. Cette stratégie pour capter les volumes de blé bio et remplacer par des céréales fourragères permet à chaque acteur de la filière d’être gagnant à court et long terme.
Aujourd’hui, 15% de la collecte de la coopérative est destinée aux éleveurs. Bioagri met donc un point d’honneur à améliorer l’efficience inter-filières, dans l’intérêt de tous.
Article rédigé par Thibault PÉCLET de Coop de France ARA.