Tous les deux ans, le Réseau Vrac organise son salon du vrac, l’occasion de découvrir les chiffres de ce marché et identifier les solutions de vrac des secteurs alimentaires et cosmétiques, à la fois du côté des marques, mais également des équipementiers.
La tendance du vrac : un marché en plein boom ?
D’après l’étude « Le vrac, un marché en plein boom » de Nielsen / Réseau Vrac 2020, réalisée auprès de 9400 foyers, 4 foyers sur 10 se déclarent acheteurs de vrac en 2019, dont :
- 26% déclarent acheter du vrac chaque mois.
- 54% déclarent acheter du vrac plus de 4 fois par an.
Le marché du vrac a vécu une croissance de 41% entre 2018 et 2019 mais sa taille devrait être multipliée par 3 d'ici cette année 2022.
Sa distribution
Les produits en vrac se retrouvent de façon privilégiée en hyper et supermarchés puis les magasins bio, où les deux attentes principales des consommateurs sont : la garantie de l’hygiène, de la qualité du produit et la praticité pour transporter le produit.
Ainsi, il est recommandé de nettoyer les silos à chaque changement de lot.
La perception des consommateurs
Parmi les freins à l’achat en vrac :
- Le prix
- L’hygiène
- La praticité
- Le manque d’informations
En effet, seule la liste INCI (sur les étiquettes à coller avant remplissage des contenants réutilisables) est obligatoire. L’origine ne l’est pas. On pressent le développement de QR Code ou de système pour permettre d’augmenter le niveau d’information sur les silos.
Les équipementiers
Concernant les équipementiers, des acteurs se démarquent avec leurs solutions : Qualivrac, CoZie, Baginnov, Jean Bouteille et Vrac’innov.
Enfin, nous avons été ravies de retrouver nos adhérents de la cosmétique/détergence/accessoires sur le salon : Karethic, Lamazuna, ZAO Make-up / DYP, Bulle verte, Les Tendances d’Emma et Apifilm auprès de nos adhérents de l’alimentaire (Happy Plantes, Autour du riz, Belledonne, Go Nuts, Chiche, Croc, Gustoneo et Croquelicot).
L'upcycling : une tendance émergente ?
Au cœur des enjeux de réduction des déchets, l’up-cycling est une pratique émergente qui valorise les objets ou produits usagés en leur donnant une nouvelle vie plus qualitative. C’est l’une des fortes tendances de l’économie circulaire.
D’après le baromètre Greenflex 2019 (aide de l’ADEME et réalisé par l’institut de sondage YouGov), 60% des Français se disent inquiets de l’état de la planète et 57% estime qu’il faut « complètement revoir notre système économique et sortir du mythe de la croissance infinie ».
En réaction, 67% des Français disent avoir changé certaines de leurs pratiques et 13 % déclarent faire tout leur possible pour réduire l’impact de leur consommation.
Plus particulièrement en France que dans les autres pays, les Français mettent la responsabilité sur les fabricants et sur l’Etat, qui a promulgué la loi Anti-Gaspillage pour une Economie Circulaire (Loi AGEC) le 10 février 2020. La loi se décline autour de 5 grands axes :
- sortir du tout jetable,
- mieux informer les consommateurs,
- lutter contre le gaspillage et pour le réemploi solidaire,
- agir contre l’obsolescence programmée,
- mieux produire.
Ainsi, la filière cosmétique, et d’autant plus la cosmétique bio qui bénéficie une relation à la terre, peut se saisir de ces sujets pour intégrer des déchets dans ses produits.
Du côté de l’approvisionnement des déchets, les sources sont multiples :
- déchets de restaurants (épluchures),
- déchets de bars (marc de café),
- déchets de sylviculture (aiguilles de pin, petits bois),
- déchets de production industrielle (noyaux, coques),
- déchets de l’agriculture (feuilles, coupes).
En cosmétique, les applications vont être multiples : exfoliants, huiles végétales, huiles essentielles, molécules actives, texturants… Dans les packagings, l’upcycling est également possible pour obtenir des flacons, pots, couvercles issus de ressources renouvelables qui étaient destinés à être jetées, comme les coquillages et autres déchets.
L'exemple d'Ensème et l'upcycling
Ensème est une nouvelle marque lyonnaise de cosmétiques bio, zéro déchets et upcyclés. « Nous proposons des shampoings solides, après-shampoing et nettoyant corps solides qui revalorisent les ressources de la planète » explique Jérôme Martino, co-fondateur d'Ensème.
Pourquoi ce choix de l’upcycling ?
« Pourquoi créer toujours plus quand on peut revaloriser ce qui existe déjà ? En France, c'est plus de 12 millions de tonnes de co-produits qui sont générés par an par nos industries agroalimentaires. Il s'agit de produits secondaires de transformation qui sont déjà disponibles et qui constituent un énorme potentiel pour la fabrication d'ingrédients cosmétiques. Comme ça rien ne se perd, tout se transforme ! »
Comment s’approvisionner en matières upcyclées ? Quelles ont été les difficultés ?
« Une des principales difficultés était justement de savoir si un ingrédient cosmétique était upcyclé ou non. L'upcycling est principalement connu dans la mode et la décoration et il n'est apparu que très récemment dans l'univers de la cosmétique. Certains fournisseurs revendiquent clairement le caractère upcyclé de leurs ingrédients, alors que d'autres ne le mettent pas forcément en avant ou l'ignorent même parfois. Cela ne facilite pas la tâche et demande beaucoup d'échanges et de temps. »
« La formulation d'un produit cosmétique solide est un vrai challenge en soi. Alors quand on rajoute à cela une certification bio, une formule 100% d'origine naturelle, vegan, sans sulfate et avec plus de 50% d'ingrédients upcyclés, ça devient un vrai casse-tête ! Car il faut que ça mousse, que ça sente bon et que le résultat sur cheveux soit au rendez-vous. Il a fallu plus de 70 essais pour arriver à la formule idéale ! Et le prix des matières premières est une contrainte supplémentaire. Car contrairement à ce que l'on pourrait croire, un ingrédient upcyclé coûte souvent plus cher qu'un ingrédient classique en raison des plus faibles volumes et des nombreuses étapes nécessaires à leur fabrication. »
Comment la récupération de déchets est perçue par le consommateur ?
« Le terme "déchet" est généralement perçu de manière négative par le consommateur et il n'exprime pas le formidable potentiel ni le caractère noble d'une matière première. Finalement, un déchet n'en est plus un s'il n'est plus jeté. Et il peut même devenir un vrai trésor ! Le terme technique de "co-produit" n'est pas toujours bien compris non plus. De notre côté, on préfère parler de revalorisation. On utilise également le terme de "résidu". C'est moins négatif que "déchet", et cela exprime tout de même la notion de récupération. »
Après une campagne de financement participatif Ulule réussie, les produits Ensème sont commercialisés depuis le printemps 2021.