Filière laitière bio : quelles stratégies de relance en région ?

   L'Essentiel

  • Consommation ⬊ : -18% de fabrication de produits laitiers bio en 4ans
  • Des initiatives qui relocalisent la transformation et les débouchés
  • + 11% du chiffre d'affaires du lait UHT en magasins bio début 2024
  • Le timide challenge du végétal : seulement +1,4 % en 2023
  • Des innovations en magasin bio
  • La communication : un véritable enjeu

Une forte baisse de la consommation qui impacte la filière

Depuis plus de 3 ans, la baisse de consommation des produits biologiques impacte fortement la filière laitière (-18% de fabrication de produits laitiers bio entre 2019 et 20231), qui doit donc faire face à une surproduction de lait bio dont une partie doit malheureusement être vendue en conventionnel. L’offre en Grandes et Moyennes Surface (GMS) s’est fortement réduite, et la loi Egalim rendant obligatoire l'introduction de 20% de bio en restauration collective a tardé à se mettre en place. Tout l’enjeux aujourd’hui est de trouver des débouchés à ces agriculteurs engagés dans la production de lait bio régional !

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Des producteurs qui réduisent leurs coûts

Les producteurs de lait bio se confrontent à des charges de production croissantes, aggravées par l’inflation et des aléas climatiques. Entre 2022 et 2023, leur revenu a diminué de 10%2. Pour faire face, ils ont réduit les volumes de production, diversifié leurs cultures et exploré de nouveaux débouchés, tout en visant à transformer une plus grande partie de leur lait.

Vers une reterritorialisation de la filière lait

Les collecteurs régionaux tentent d’accompagner cette relocalisation. Biolait encourage la mise en place de projets collectifs pour transformer le lait et Sodiaal valorise son offre locale.

De nouveaux projets voient le jour en région Auvergne-Rhône-Alpes à la recherche de valeur ajoutée et de nouveaux marchés, dans un objectif de relocaliser l’offre. •

  • L’entreprise Bio&lo.cible par exemple les marchés de la restauration collective publique ou privée tels que l’hôtellerie avec une fontaine à yaourt bio et local.
  • Altermonts;est une fromagerie collective regroupant des agriculteurs qui valorisent leur lait en fromages afin de cibler le marché local.
  • Fairme;propose des ateliers autonomes pour valoriser le lait des producteurs en produits finis.
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De manière générale, l'offre en produits locaux s'est fortement développée 

Des premiers signaux positifs

Si la situation des filières bio inquiète encore en France, la consommation est en hausse en Allemagne et au Royaume-Unis (+9% et +5% T2 2024 vs T2 20233 ). En France, des signes encourageants s’observent avec une stagnation de l’inflation et une hausse de 11% du chiffre d'affaires du lait UHT en magasins spécialisés bio au premier semestre 20244.

Innovation des produits laitiers challengée par le végétal

Alors que le rayon des produits laitiers bio avait fait le plein d’innovations de produits bio avant la Covid-19, il s’est fortement réduit ces dernières années en GMS en se concentrant sur les “essentiels”. On observe en revanche une dynamique en magasin spécialisé bio avec de nombreuses innovations de produits laitiers. On observe une diversification de l’offre avec des produits riches en protéines et sans matière grasse (Skyr), des produits sans lactose ou encore des desserts gourmands. Du côté des fromages, on trouve en GMS les principaux produits phares emballés (mozzarela, emmental, bleu, …) et quelques fromages à la découpe. L’offre en magasin spécialisé bio s’est en revanche étoffée et lorsqu’il y a un rayon à la découpe on y trouvera assez facilement un large choix de fromages bio et locaux.

En concurrence directe on trouvera les alternatives végétales qui dynamisent le rayon ultra-frais avec de nombreuses innovations gourmandes et saines. Par exemple, les desserts végétaux peuvent afficher des taux de sucre bien inférieurs à leurs équivalents laitiers. Au rayon fromage, les alternatives végétales sont encore timides mais font leur place. Néanmoins les volumes vendus d’ultra-frais végétaux n’affichent pas une grande dynamique car ils n’ont progressé que de 1,4 % en 20235

Du côté des bouteilles de lait, l’offre des laits “mieux rémunérateurs” ou affichant une origine régionale (“Lait d’ici”, etc…) entre en concurrence avec le bio, sauf lorsqu’il combine ces différentes allégations.

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Communication et restauration collective :
2 axes stratégiques

Les acteurs de la filière laitière bio ont la chance de pouvoir bénéficier du dispositif national « Lait et produits laitiers à l’école » qui aide financièrement les établissements scolaires à proposer des produits biologiques en restauration collective. Cet Appel à Projet.a été simplifié et renouvelé sur la période 2023-2029. Une porte d’entrée sur la restauration collective pour les transformateurs de produits laitiers bio !

Par ailleurs, le contexte oblige les acteurs de la filière à communiquer sur ce qu’est l’agriculture biologique.

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  • Les campagnes institutionnelles ne suffisent néanmoins pas et c’est à chaque entreprise d’établir une communication qui valorise son produit bio et local.
  • Au-delà du label AB, les labels Planet-Score, équitables ou Ma Région Ses Terroirs peuvent être de bons supports pour favoriser la communication.

Consultez la fiche filière laitière bio en région

Cet article a été construit à partir des intervenants, témoignages et échanges de la Journée filière lait du 12 septembre 2024 organisée par la Chambre d'Agriculture Régionale, la FRAB AuRA et LCA ARA

Sources : 1 CNIEL - 2 Dossier annuel BL IDELE-INOSYS - 3 Circana et Nielsen -  4 Agence Bio / ANDI  - 5 France Agri Mer.