Selon la Fondation Ellen MacArthur, au moins 8 millions de tonnes de plastiques se frayent un chemin jusqu’aux écosystèmes marins chaque année – ce qui équivaut à décharger chaque minute le contenu d’un camion poubelle en mer. Si rien n’est mis en œuvre, ce nombre passera à quatre par minute, d’ici à 2050, précise la Fondation. C’est entre autres dans ce contexte que la pollution par les déchets plastiques est considérée comme « un des plus grands fléaux environnementaux de notre temps » (Nations Unies, 2018).

La société civile a pris conscience des enjeux liés à l’environnement et de la place qu’occupe le plastique parmi ceux-ci grâce aux ONG et à la médiatisation du sujet. Nombre d’actions ont d’ailleurs vu le jour ces dernières années contre la pollution due aux plastiques. Citons par exemple, plastics attacks, une initiative de groupes qui consistent à retirer puis exposer tous les suremballages des produits de supermarchés après les avoir achetés dans l’objectif de démontrer leur inutilité.

Une prise de conscience globale et des engagements politiques

Cette prise de conscience chez les consommateurs, cette envie et ce besoin de proposer d’autres solutions chez les entreprises, se concrétisent par des interdictions d’usage sur le plan politique européen et français. Une ONG très active sur ce dossier de la pollution par le plastique, la Surfrider Foundation, a amorcé en 2011 une campagne « Ban the Bag » (« Interdisons les sacs »). Cette initiative a été un levier pour l’adoption en 2015 d’une première directive européenne appelant à réduire l’usage des sacs en plastique. Ils seront d’ailleurs totalement interdits à partir de 2021 au sein de l’UE.

Depuis le 1er juillet 2016, en France, les sacs en plastiques de caisse distribués dans les commerces sont interdits. Rappelons également que le 21 février dernier, le Pacte national sur les emballages plastiques a été signé par une multitude d’entreprises (parmi elles, citons quelques enseignes de la Grande Distribution, les Biscuits Bouvard ou encore la Fondation Tara Expéditions et le WWF France). Ce Pacte vise à réduire l’usage d’emballages plastiques non recyclables, assurer la recyclabilité des certains d’entre eux et améliorer l’incorporation de
matières recyclées.

En mars dernier, un accord a été signé à Nairobi par 170 pays en faveur d’un « engagement à réduire significativement » les plastiques à usage unique d’ici à 2030. En effet, selon le WWF, ils représentent 40% de la production mondiale de plastique en 2016, en plus de contribuer largement à la pollution des océans.

Les entreprises bio sont précurseurs sur le sujet

Les grosses entreprises sont les plus exposées médiatiquement sur le sujet. Toutefois, les entreprises bio sont également précurseurs. Les bouteilles du fabricant de boissons bio YUMI sont en plastique biodégradable, issu de résidus de canne à sucre. Raphaël de Taisne, 30 ans et fondateur de cette marque motive son engagement, « la différence avec les générations précédentes est que nous ne pourrons pas dire à nos enfants qu’on ne savait pas et qu’on ne pouvait rien faire ». Néanmoins, YUMI paie un malus sur cet emballage car en tant que
précurseur il n’existe pas encore de filière de recyclage organisée.

Le prix du plastique recyclé reste malgré tout un frein

Le plastique vierge reste très bon marché à produire. Les filières dédiées au recyclage ont donc de la peine à se structurer alors que son prix ne tient pas compte des coûts qu’il fait peser sur la société et la nature. Sur les 60 millions de tonnes produites en Europe, 25 millions de tonnes sont collectées et seulement 7 millions sont incinérées ou recyclées.


Pourtant la demande est là. Certains groupes comme Danone, souhaite faire aussi bien avec ses produits laitiers que ses bouteilles d’eau. C’est ainsi que dès mai 2019, la bouteille de Volvic sera fabriquée à 100% à partir de plastique recyclé.


Cette réalité économique autour du plastique recyclé, se heurte aux revendications de pouvoir d’achat. En effet, la filière du plastique recyclé est moins rentable que celle du plastique vierge. Pourtant d’après l’étude réalisée par Action Plus Shopper Research pour Citeo en 2018, 63% des consommateurs classent spontanément la recyclabilité comme le premier critère de respect de l’environnement. De plus, la secrétaire d’Etat auprès du ministre de la transition écologique et solidaire a l’intention d’exiger auprès des industriels de faire des efforts pour prendre à leur charge les surcoûts engendrés par ces mesures en faveur de la transition écologique. Elle prévoit ainsi un bonus-malus allant jusqu’à 10% du prix des produits, pour que ceux intégrant du plastique recyclé soient moins chers. Une baisse de la TVA sur le recyclage est également envisagée, tout comme l’extension des consignes de tri, pour aboutir, en France, à 100% de plastique recyclé d’ici à 2025.

Et pourquoi ne pas se passer totalement du plastique ?

Certaines entreprises sont en train de prendre une longueur d’avance, comme une PME picarde, Apifilm, qui met au point un emballage alimentaire à partir d’une toile de coton enduite de cire d’abeille. Ou bien cette start-up toulousaine, Le Drive tout nu, qui prépare des courses dans des contenants réutilisables et qui les lave une fois rendus. Citons également LOOP, un site d’e-commerce porté par 25 multinationales qui remet la consigne au goût du jour, mais aussi LACTIPS, qui produit des granulés thermoplastiques à base de protéine de lait pour remplacer les films alimentaires.

Sources : Le Monde, 14/04/2019 https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/pacte-national-sur-emballages-plastiques-gouvernement-des-entreprises-francaises-et-des-ong

Auteurs : Marithé CASTAING en partenariat avec Thibault PÉCLET, Coop de France Auvergne-Rhône-Alpes.

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