Cette édition de Natexpo 2024 s'est ouverte avec une certaine appréhension. Beaucoup craignaient le calme à cause d’une surface d'exposition réduite et l'absence de certains pionniers. Cependant, dès l'ouverture à 9 heures, les allées bondées ont dissipé ces craintes, laissant place à une ambiance festive et positive.

Une reprise attendue pour le secteur bio 

Si nous devions résumer Natexpo 2024 en un mot, ce serait "reprise". Le marché du bio repart à la hausse, comme l'a souligné Bernard Ollié de Good (d'après les sources du Réseau spécialisé et Circana). Pour 2024, une croissance de +4,7 % est annoncée en chiffre d’affaires par rapport à 2022, qui affichait une baisse de 11,7 %. Cette tendance montre clairement que le secteur bio se relance, avec un dynamisme qui permet de sortir de la convalesence doucement mais surêment. 

Bien que l'inflation ait un impact direct sur ce regain d'activité, avec une hausse des prix de 9 %, le marché croît tout de même de 5 points. En revanche, le secteur non-alimentaire reste en retrait, contrairement à l’alimentaire qui connaît un véritable rebond. Les produits d'hygiène et de soin sont encore sous pression, mais le fait que les grandes surfaces aient partiellement abandonné la bio permet à certains consommateurs de se tourner de nouveau vers les circuits spécialisés.

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Le profil des consommateurs bio en 2024

Natexpo a également été l'occasion d'analyser le profil des consommateurs bio et leurs motivations, grâce à l'intervention de Fabien Foulon et les dernières données de l'Agence Bio.

Les consommateurs réguliers de de produits bio (30% des Français) se distinguent par plusieurs caractéristiques. Tout d'abord, leur niveau d'éducation est généralement élevé (bac +4 ou +5), et leur niveau de vie est supérieur à 2 500 € mensuels.

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La cible qui consomme le plus de bio se définit par une combinaison de 4 critères : ils ont plus de 55 ans, sont particulièrement préoccupés par les enjeux environnementaux, privilégient la qualité des produits et considèrent l'alimentation comme un moyen de prévenir les problèmes de santé. Selon les données du panel Kantar, cette cible consacre 8,9% de son budget alimentaire aux produits bio, contre 5,1 % pour la moyenne des Français.

Les principales motivations des consommateurs bio restent la santé (53 %) et la préservation de l’environnement. Quant aux critères d'achat, le goût arrive en tête avec 57 %, suivi du prix (45 %) et de la réduction des additifs (40 %).

Tendances de recherche et opportunités du marché

Parmi les tendances de consommation, on note une progression des recherches autour du diabète et de l’immunité, particulièrement depuis la crise sanitaire liée au COVID-19. Les produits sans gluten restent stables, tandis que les aliments à indice glycémique bas et sans sucre connaissent une demande croissante, tout comme les protéines et les probiotiques. Ce sont autant de leviers de croissance pour les entreprises, qui doivent penser à se positionner sur ces segments, tout en envisageant des marques de distributeur (MDD) et des stratégies promotionnelles adaptées.

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Innovations : un cru modeste mais prometteur

Du côté des innovations, bien que le What’s New soit resté modeste en quantité, la qualité était au rendez-vous. 

 L’équipe d'Ingrébio a une fois encore conçu des circuits découvertes pour mettre en lumière des innovations particulièrement intéressantes.

  • Worlee propose un substitut de cacao à base de gousse de caroube torréfiée et broyée, permettant de valoriser ce coproduit, l’intérieur généralement utilisé pour épaissir les aliments. Le Maroc, plus grand producteur de caroube, joue un rôle central dans cette innovation. Ce substitut offre un goût unique et permet de diversifier les approvisionnements face à la crise du cacao.
  • Kaoka nous a éclairés sur cette crise : les prix ont été multipliés par 4 en raison de la mauvaise récolte, largement due au changement climatique. Cependant, la bonne nouvelle est que les producteurs ont vu leurs revenus considérablement augmenter.

  • Markal lance des protéines texturées à base de pois et fèverole, une innovation pratique et locale. Ces protéines françaises, issues de lentilles, pois et fèverole, offrent un apport impressionnant de 40 à 50 g de protéines pour 100 g.
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Les Trophées de l'innovation : des projets porteurs de sens

Les Trophées de l'innovation ont récompensé des projets à fort impact environnemental et social :

  • Terrasana a été primé pour son pain longue durée (12 mois), une réponse aux enjeux du gaspillage alimentaire et des DDM courtes. Ce pain est composé uniquement de graines, liées par des fibres de psyllium, sans farine.
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  • Emile Noël, spécialiste des huiles, innove avec une gamme de pâtes et purées gourmandes, riches en fruits (62 % pour la pâte à noisettes) et réduites en graisses et sucres. Leur emballage permet de malaxer le produit pour éviter la séparation des graisses.
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  • Bio&Lo a été récompensé pour son distributeur de yaourt en vrac, une innovation permettant de réduire les emballages d'un facteur de 10, élaboré directement à la ferme.
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  • Enfin, l’innovation qui m’a le plus intriguée est celle de la marque Refix : une boisson à base de noix de coco et d’eau de mer dessalée. Riche en minéraux avec plus de 80 sels différents, ce produit est déjà vendu en pharmacie et à 60 % dans les magasins spécialisés bio.
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En conclusion, Natexpo 2024 a confirmé que la reprise est bien là pour le secteur bio, avec une montée en puissance des innovations et un dynamisme retrouvé. Le marché continue d'évoluer, s’adaptant aux nouvelles attentes des consommateurs, tant en matière de santé que de préservation de l’environnement.